mercredi 22 avril 2009

Une maison «électropropre»

Le 20 avril 2009

Carole Thibaudeau
La Presse

La jolie maison de Stéphane Bélainsky, à Sainte-Sophie, a été construite en 1966 par un artisan généreux: épais murs de pierres, grandes fenêtres faites à la main, électrification abondante pour répondre aux futurs occupants les plus exigeants...

Un peu trop abondante, peut-être, l'électricité dans les murs? Disons que pour un technicien en hygiène électromagnétique, le rarissime métier qu'exerce Stéphane, l'électricité n'est pas un fluide anodin. Averti des possibles dangers de l'exposition aux champs électromagnétiques (CEM), il fait de sa maison un exemple d'application du principe de précaution.

«La tête ne devrait pas se trouver à moins d'un mètre d'une lampe de chevet, d'un réveille-matin ou d'une plinthe électrique», soutient le technicien et fondateur d'Expertise électromagnétique environnementale 3E, la seule compagnie du genre au Québec. Le lit de Stéphane est dégagé du mur d'environ un pied, pour éloigner la tête du câblage qui court derrière le gypse. Précaution supplémentaire, l'alimentation électrique de la chambre est coupée trois secondes après qu'il eut éteint le dernier appareil, grâce à un dispositif situé dans la boîte électrique au sous-sol.

Plancher radiant


Dans la salle de bain, le plancher chauffant ne dégage qu'un faible champ magnétique de 1,6 milliGauss, comparativement à 30 ou 40 milliGauss pour les autres planchers radiants électriques ordinaires. «Cette marque (Flextherm, achetée dans un commerce local) est conçue pour que les champs magnétiques des fils chauffants s'annulent les uns les autres», explique Stéphane.

Rideaux, graphite et autres trucs


Outre le champ électrique (présent dès qu'il y a tension) et le champ magnétique (généré par la consommation d'électricité), un troisième élément, les hautes fréquences transitoires, s'ajoute au smog électromagnétique domestique. Induites par certains appareils, par exemple un tapis roulant d'exercice, ces ondes se propagent par le champ électrique du câblage.

La façon de s'en protéger: enlever ou débrancher la source, ou encore la mettre sur une barre de tension à part. Sinon, on peut faire obstacle aux émissions avec un mur couvert d'une peinture au latex contenant du graphite, ou un fin moustiquaire de métal, ou encore des rideaux tissés avec un fil de cuivre. (La peinture avec graphite bloque les hautes fréquences. Mise à la terre par un ruban conducteur, elle bloquera en plus les champs électriques.) En dernier recours, on posera des filtres Stetzer qui, sans les éliminer, atténueront les hautes fréquences transitoires.

«Il faut apprendre à vivre avec les micro-ondes, estime M. Bélainsky. Fermer le routeur sans fil lorsqu'on ne l'utilise pas. Renoncer au téléphone sans fil. Porter une oreillette si on utilise un téléphone portable.»

Andrew Michrowski, docteur en architecture et auteur d'une étude menée dans les années 90 pour la Société canadienne d'hypothèque et de logement, sur les CEM dans les maisons canadiennes, résume ainsi la protection domestique: «En s'assurant que le câblage électrique est bien posé et que la mise à la terre est correcte, et en s'éloignant des sources émettrices, on élimine une grande partie de l'exposition intérieure. Si les électriciens suivent le Code du bâtiment tel qu'il a été modifié en 1995, c'est déjà beaucoup. Autrefois, les mises à la terre dans les villes étaient souvent faites à l'aqueduc, car il n'y avait pas assez de sol pour absorber la foudre.»

Le principe de précaution


Le principe de précaution a été recommandé dans le rapport Bio-initiative - août 2007 -, réalisé par une quinzaine de scientifiques indépendants des États-Unis, de la Chine, de la Suède, du Danemark et de l'Autriche.

Les chercheurs ont passé en revue plus de 1500 publications scientifiques et reconnu que suffisamment d'études démontraient un effet nocif des champs électromagnétiques (CEM) - cellules stressées et risque accru de certains cancers - pour inciter à la prudence. Ils ont proposé des seuils de tolérance plus bas que les normes actuelles. Plusieurs États - Autriche, Italie, Russie, Chine - ont commencé à s'aligner sur leurs recommandations.

Le Canada, pays où les champs magnétiques sont parmi les plus élevés au monde (nous chauffons beaucoup à l'électricité), suit les normes de la Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants, comme la plupart des pays.

Pour en savoir plus:

> www.em3E.com
> www.dangersemo.com
> www.next-up.org
> www.buildingbiology.com